« Si à partir de vingt-six formes géométriques simples, nous avons élaboré un langage écrit, en quelques minutes d’attention prêtée à une volée de mésanges, j’entends peut-être autant de graphèmes acoustiques. […] Notre langage et leurs communications ont sans doute peu en commun, mais, entendus de près, ils n’ont rien à s’envier en matière de richesse acoustique. »
David G. HASKELL, Ecoute l’arbre et la feuille, Flammarion, p.64
À nos oreilles, le chant des oiseaux est bien plus harmonieux que nos conversations humaines. C’est peut-être que nous n’y entendons pas de confusion. Nulle ambiguïté. Rien d’équivoque. Peut-être même est-il dénué de superficialité. L’oiseau chante-t-il s’il n’a rien à dire ?
Notre langue française s’élabore à partir de 26 « formes géométriques simples », les lettres, 36 phonèmes qui s’organisent en syllabes, mots, phrases et nous éprouvons bien souvent des difficultés à nous comprendre.
Lorsque nous écoutons le chant des oiseaux, nous ne cherchons pas le sens, même si parfois nous tentons d’interpréter leurs échanges. Nous admirons la mélodie, le phrasé. Qui n’a rien à envier à notre langage. L’oiseau glouglotte, glappit, gazouille, zinzinule, pisote…
C’est ainsi que je regarde les œuvres de François. Comme j’écoute le chant des oiseaux. Parfois me vient une interprétation. Parfois je crois comprendre le sens du monde. Comme je me perds dans le chant des oiseaux, me laissant porter par la musique, je peux me perdre dans cet univers infini que compose un peu plus d’une cinquantaine de formes. Un monde où l’ordre et le chaos coexistent.
C’est pourquoi je préfère ne rien dire du sens de son œuvre, ne rien interpréter. Je ne pourrais qu’être mauvaise traductrice. Je préfère ouvrir les yeux et regarder.
Françoise JOHNEN
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